C’est un paradoxe récurrent de la vie politique européenne : le découplage entre l’image et la marge de manœuvre des dirigeants nationaux sur leur scène intérieure et sur la scène européenne. Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez en constitue actuellement un exemple frappant. Rapidement après son accession au palais de la Moncloa il y a à peine plus d’un an par le biais d’un vote de défiance réussi au parlement de Madrid, Sanchez est devenu le leader de fait de la social-démocratie européenne. Et cela par simple effet de taille de son pays : seul chef de gouvernement socialiste d’un grand pays de l’Union, il héritait de ce fait de la cape de leader d’une famille politique qui paraissait alors décimée. Sanchez a su ensuite transformer ce succès en remportant d’abord les législatives dans son pays en avril dernier, améliorant ensuite le score de son PSOE aux européennes de mai.