Le village de Saint-Genois est, en cette année 1868, traversé par une certitude : le Diable a pris possession du bourg de 4.000 âmes de Flandre-Occidentale, aussi nommé Sint-Denijs. Dans les rues, dans les champs, des femmes pleurent, des hommes se signent. Ils se croient voués aux Enfers depuis que l’évêque de Bruges, Mgr Jean-Joseph Faict, a décrété qu’il refusait de faire bénir, par les prêtres, le nouveau cimetière communal, appelé à remplacer celui qui encercle l’église paroissiale.
Il y a pire, l’évêque brugeois a même menacé de ne plus autoriser les messes de funérailles, faisant craindre aux villageois de voir leurs proches portés en terre comme « des déchets, des vaches malades » dans cette parcelle communale que l’Eglise a affublée du nom repoussant de « Cimetière des Gueux » (« geuzenkerkhof »), juste bon à accueillir les restes des sans-dieu, dont ceux de ces « libéraux francs-maçons » qui dirigeaient désormais la commune.