De Roman Polanski, avec Jean Dujardin, Louis Garrel, Emmanuelle Seigner, Mathieu Amalric, Damien Bonnard, 132mn.
Roman Polanski réussit un grand film classique (Grand Prix à Venise). Tout en maîtrise, conçu comme un thriller, offrant du suspense et une approche pédagogique de l’histoire. C’est limpide, cadré, réfléchi, avec le souci du détail, de la belle et grande reconstitution, en écho à notre époque dans la haine que peut provoquer le nationalisme exacerbé, les préjugés, le déni de justice.
Mais on a du mal avec le fait que Polanski lie cette affaire à sa propre histoire, en victime de mécanismes de persécution à l’œuvre dans le film.
Habile, le cinéaste centre son récit sur le colonel Picquart qui mène l’enquête et non sur Dreyfus, capitaine dégradé pour haute trahison puis innocenté et réhabilité. C’est astucieux et manipulateur. Car qu’est-ce que J’accuse sinon l’histoire d’un homme injustement accusé ?