Couverte, de la tête aux pieds dans l’abaya noire de rigueur, elle s’efface, visage fermé dans ce ciel opalin, à l’extrémité du podium. Pas question de congratuler le vainqueur du jour. De lui remettre les fleurs. Voire même de l’approcher. Elle restera en retrait, la lumière étant ici, dévolue aux seuls hommes… Pour un Européen, la scène étonne, à tout le moins. Elle tient pourtant de la norme dans une Arabie saoudite qui accueille, pour la première fois de son histoire, une épreuve cycliste. Une course baptisée Saudi Tour qui s’inscrit dans cette diplomatie sportive extrêmement dynamique instaurée par le prince héritier Mohammed ben Salmane. Tennis, Supercoupe d’Espagne, Formule E, boxe, Dakar et même catch féminin : le royaume ultra-conservateur a entamé sa mue, sorte d’ouverture qui secoue la société saoudienne dans la profondeur de ses croyances et utilise le verni du sport comme vitrine publicitaire.