Laurie Spilette est à la tête de l’entreprise VDD Industrie, un atelier d’usinage spécialisé dans la fabrication de pièces mécaniques sur mesure, situé à Gosselies. Embaucher du personnel, était il y a peu encore un véritable casse-tête pour cette gérante : « Notre entreprise exige des métiers bien précis, particulièrement celui de tourneur-fraiseur. A plusieurs reprises, j’ai tenté de recruter des ouvriers, cela s’est à chaque fois soldé par un échec. À ce poste, outre la maîtrise technique, on doit être capable de lire des plans, d’utiliser des programmes. Bien souvent, ces profils vraiment qualifiés sont en pénurie. Quand j’ai fait le calcul de ce que cela me coûtait en termes de charges pour engager un ouvrier qui, au final, n’était pas qualifié, j’ai changé de méthode », confie-t-elle.
La solution, elle l’a trouvée il y a deux ans auprès du Forem et d’une conseillère entreprises. Résultat : elle parvient à recruter cinq ouvriers dont deux font aujourd’hui toujours partie de son personnel. « Je savais que des avantages existaient mais je ne savais pas où trouver les informations. J’ai donc décidé de m’adresser au Forem. Ma conseillère m’a orienté vers un Plan Formation-Insertion (PFI) et la subvention Sesam. Le premier m’a permis de réduire mes charges salariales tout en me permettant d’avoir le temps de former la personne pour qu’elle corresponde à nos attentes une fois engagée. La seconde représente un gros avantage financier puisque qu’elle me permet de recevoir une compensation financière de manière trimestrielle. L’accompagnement du Forem, tout comme ces aides, sont aujourd’hui très précieuses pour les entreprises, surtout dans le contexte actuel », explique Laurie Spilette.
2 milliards de financement
Sur les 2,5 milliards d’euros du budget total du Forem en 2020, pas moins de deux milliards ont été consacrés au financement de ces aides. 32 conseillers spécialisés dans les aides publiques et les incitants financiers, auxquels s’ajoutent également 279 conseillers entreprises accompagnent, quant à eux, les employeurs dans leurs démarches. « On effectue d’abord une analyse de la société pour voir de quels montages financiers ils peuvent bénéficier. Les aides peuvent concerner l’emploi ou la formation mais varient également en fonction du profil de l’entreprise, si elle appartient au secteur marchand ou non marchand par exemple. On regarde s’ils rentrent dans les conditions tout en les mettant en garde sur ce qu’ils doivent respecter sur le long terme pour ne pas avoir de surprise », développe Cindy Ferlisi conseillère entreprises au Forem.
Parmi les aides à l’emploi les plus plébiscitées figure la fameuse subvention Sesam, une aide répondant à un objectif de croissance de l’emploi d’une entreprise. Elle permet, en effet, aux petites et moyennes entreprises de développer leurs activités par l’octroi d’un incitant financier d’une durée maximale de 3 ans lors de l’embauche de personnel supplémentaire.
Plus de 7.000 travailleurs bénéficiaires
En 2019, 6.887 entreprises ont sollicité cette subvention pour un total de 7.379 travailleurs bénéficiaires. « Cette aide est réservée au secteur non marchand. Elle cible les indépendants et PME de moins de 50 travailleurs. Pour pouvoir y prétendre, le travailleur que l’entreprise prévoit d’engager doit être inscrit comme demandeur d’emploi auprès du Forem à la veille du contrat de travail financé par le dispositif Sesam. La subvention est alors octroyée de manière dégressive sur trois ans à raison de 10.508 euros la première année, 7.881 euros la deuxième et 5.255 euros la troisième », détaille Cindy Ferlisi. Pour peu que le travailleur engagé corresponde à des critères complémentaires, une majoration de 2.675 euros par an peut également être octroyée à l’employeur. C’est notamment le cas si le travailleur est un demandeur d’emploi de moins de 25 ans ou de 55 ans et plus, mais aussi s’il n’est pas titulaire d’un certificat de l’enseignement secondaire du 2e degré (CESI). Un travailleur enregistré à l’Aviq et ayant fait l’objet d’une décision d’intervention de sa part permet également à l’employeur de prétendre à cette majoration. Parmi les leviers poursuivant l’objectif de sortir le demandeur d’emploi de sa situation, on notera également l’existence d’Impulsion -25 ans et Impulsion 12 mois +. Ces deux aides correspondent à des allocations de travail octroyées respectivement à des jeunes demandeurs d’emploi de moins de 25 ans moins qualifiés et aux demandeurs d’emploi inoccupés depuis au moins 12 mois.
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