Anne-Marie Garat, née à Bordeaux, entretient des rapports difficiles avec la ville : « Quelque chose de pénible s’y trame, l’ennui ou l’amertume qu’on traîne comme d’une rupture qui s’est mal passée et, au lieu de s’effacer, persiste en ce que l’on devient, en quoi l’on change ». Le passé est en cause, et la manière dont le présent l’envisage, en gommant les aspérités les plus douloureuses, en cachant les fautes.
Ce jour-là, au musée d’Aquitaine où elle n’est pas allée depuis longtemps, elle visite avec un cousin une exposition consacrée à la traite négrière. Elle s’irrite de voir comment la ville s’y trouve à peu près amnistiée des pratiques les plus barbares. Et concentre son Humeur noire, le titre de ce texte encoléré, sur un cartel, dont le texte est « à visée pédagogique », intitulé « Noirs et gens de couleur à Bordeaux ».