Il est 10 heures du matin et l’Oronte, gonflé par les récentes pluies, souffle encore des vapeurs glaciales. Il y a deux ans, ce fleuve marquait encore la frontière naturelle entre la Turquie et la Syrie, jusqu’à ce qu’Ankara, effrayée par l’arrivée de nouveaux réfugiés, y construise un mur et un réseau de fil barbelé. Pour traverser à gué ce « fleuve fou », comme l’appellent les Arabes, il faut parcourir un long chemin à travers les oliveraies et les champs de blé vert tendre, les mêmes qui s’étendent sur les collines syriennes.