En avril 2002, coup de tonnerre, la gauche n’était pas qualifiée pour le second tour de l’élection présidentielle. C’est Jean-Marie Le Pen qui soufflait la place de Lionel Jospin. Effarement. Consternation. Colère. Comme un bloc de béton qui tombait sur un Parti Socialiste au pouvoir assommé, abasourdi, moralement écrabouillé.
A à peine 1 % près ! A qui la faute ? Si Taubira s’était retirée… Si Chevènement n’avait pas tenté sa chance… Qui pouvait prévoir… Qui avait prévu ? Jusqu’à la veille, aucun sondage ne laissait présager la catastrophe.
Quelques jours plus tard, des foules impressionnantes – mais combien parmi les manifestants avaient-ils voté Jospin ? – déferlèrent sur les centres-villes pour clamer leur volonté de « résistance antifasciste » et prêter, sous le coup de l’émotion, comme torturé par un sentiment de culpabilité, ce serment implicite : « plus jamais ça ! ».