Rassemblées devant le palais de justice de Bruxelles, entre 10.000 et 15.000 personnes bravent le confinement pour manifester leur indignation. Le 7 juin dernier, l’irruption du mouvement Black Lives Matter en Belgique surprend, surtout par son ampleur inédite ici. Pourtant, si le meurtre de George Floyd est l’étincelle qui a mis le feu aux poudres, le mouvement, lui, était prêt.
« La manifestation n’est pas le début d’un mouvement, mais bien son point culminant », résume Aïda Yancy, militante queer (mouvement qui revendique la non-binarité de genre, et défend les luttes LGBTQI+), antiraciste et afroféministe. « Derrière ça, il y a des militants qui bossent dans l’ombre depuis des générations. » Cette génération-ci, en l’occurrence, monte depuis une dizaine d’années. Résolument connectée, hautement éduquée et intersectionnelle, elle a fait de la décolonisation de l’espace public, de la mémoire et surtout des mentalités l’étape indispensable de la lutte contre le racisme de la société belge.